LES PRISONS DE NANTES

Dans les prisons de Nantes,
Y'avait un prisonnier (bis)

Personne ne le vint vouére,
Que la fille du geôlier (bis)

Un jour il lui demande:
Mais que dit-on de moué ? (bis)

On dit de vous en ville
Que vous serez pendu (bis)

S'il faut que l'on me pende,
Déliez-moi les pieds (bis)

La belle était jeunette,
Les pieds lui a déliés (bis)

Le prisonnier alerte
Dans la Loire s'est jeté (bis)

Quand il fût sur la rive,
Il se mit à chanter (bis)

Je chante pour les belles,
Surtout celle du geôlier (bis)

Si je reviens à Nantes
Oui je l'épouserai (bis)

LA JAVA BLEUE

C'est la java bleue
La java la plus belle
Celle qui ensorcelle
Et que l'on danse les yeux dans les yeux
Au rythme joyeux
Quand les corps se confondent
Comme elle est au monde
Il n'y en a pas deux
C'est la java bleue.

Il est au bal musette
Un air rempli de douceur
Qui fait tourner les têtes
Et fait chavirer les cœurs
Tandis qu'on glisse à petits pas
Serrant celui qu'on aime dans ses bras
Tout bas l'on dit dans un frisson
Et écouter jouer l'accordéon.

Chérie sous mon étreinte
Je veux te serrer plus fort
Pour mieux garder l'empreinte
Et la chaleur de ton corps
Que de promesses, que de serments
Peut-on faire en la folie d'un moment
Mais ces serments remplis d'amour
On sait qu'on ne les tiendra pas toujours .

ETOILE DES NEIGES

Dans un coin perdu des montagnes
Un tout petit savoyard
Chantait son amour dans le calme d'un soir
Près de sa bergère au doux regard.

Etoile des neiges
Mon coeur amoureux
S'est pris au piège
De tes grands yeux
Je te donne en gage
Cette croix d'argent
Et de t'aimer toute ma vie
Je fais serment.

Hélas ! soupirait la bergère
Que répondront nos parents
Comment ferons nous, nous n'avons pas d'argent
Pour nous marier dès le printemps ?

Etoile des neiges
Sèche tes beaux yeux
Le ciel protège
Les amoureux
Je pars en voyage
Pour qu'à mon retour
A tout jamais plus rien n'empêche notre amour .

Alors il partit pour la ville
Et ramoneur il se fit
Sur les cheminées dans le vent
Et la pluie
Comme un diable noir de suie.

Etoile des neiges
Sèche tes beaux yeux
Le ciel protège
Ton amoureux
Ne perd pas courage
Il te reviendra
Et tu seras bientôt encore
Entre ses bras.

Et quand les beaux jours refleurirent
Il s'en revint au hameau
Et sa fiancée l'attendait tout là-haut
Parmi les clochettes des troupeaux.

Etoile des neiges
Tes garçons d'honneur
Vont au cortège
Portant des fleurs
Par un mariage
Finit mon histoire
De la bergère et de son petit savoyard .

LA BLANCHE HERMINE

La voilà, la blanche hermine
Vive la mouette et l'ajonc
La voilà, la blanche hermine
Vive Fougères et Clisson

J'ai rencontré ce matin
devant la haie de mon champ
Une troupe de marins,
d'ouvrier, de paysans

Où allez-vous camarades,
avec vos fusils chargés
Nous tendrons des embuscades,
viens rejoindre notre armée

Ma mie dit que c'est folie
d'aller faire la guerre aux Francs
Moi je dis que c'est folie
d'être enchaîné plus longtemps

Elle aura bien de la peine
pour élever les enfants
Elle aura bien de la peine
car je m'en vais pour longtemps

Je viendrai à la nuit noire,
tant que la guerre durera
Et comme les femmes en noir,
triste et seule, elle m'attendra

Mais peut-être pense t'elle
que je suis en déraison
De la voir, mon cœur se serre,
là-bas devant la maison

Et si je meurs à la guerre,
pourra t'elle me pardonner
D'avoir préféré ma terre
à l'amour qu'elle me donnait

LES FILLES DES FORGES

Digue ding don don
Ce sont les filles des forges
Digue ding don don
Ce sont les filles des forges
Les forges de Paimpont
Digue ding don daine,
Les forges de Paimpont
Digue ding don don.

Elle s'en vont à confesse
Au curé du canton

Qu'avez-vous fait les filles
Pour demander pardon ?

J'avions couru les bals
Et les jolis garçons

Ma fille pour pénitence
Nous nous embrasserons

Je n'embrasse point les prêtres
Mais les jolis garçons
Qu'ont du poil au menton .

PELOT D'HENNEBONT

Ma chère maman, je vous écris
Que je sommes entré dans Paris
Que je sommes déjà caporal
Que je serions bientôt général

A la bataille je combattions
Les ennemis de la nation
Et tout ce qui se présentions
A grands coups d'sabr' les éventrions

Le Roi Louis m'a appelé
C'est Sans-Quartiers qu'il m'a nommé
Mais Sans-Quartiers c'est point mon nom
J'lui dis j'm'appelle Pelot d'Hennebont

Il m'a quéri un beau ruban
Et je n'sais quoi au bout d'argent
M'as dit bout'çà à ton habit
Et combat toujours l'ennemi

Faut qu'ce soit quelqu'chose de précieux
Pour que les autres m'appellent Monsieur
Et mettent leurs mains à leurs chapeaux
Quand ils veulent parler au Pelot

Ma mère si j'meurs en combattant
J'vous enverrai ce beau ruban
Et vous l'bout'rez à votre fuseau
En souvenir du gars Pelot

Dites à mon père à mon cousin
A mes amis que je vais bien
Je suis leur humble serviteur
Pelot qui leur embrasse le coeur.

LA JUMENT DE MICHAO

Et dans dix ans je m'en irai, j'entends le loup et le renard chanter (bis)
J'entends le loup, le renard et la belette, j'entends le loup et le renard chanter (bis)
L'hiver viendra, les gars, l'hiver viendra, la jument de Michao elle s'en repentira (bis)
La jument de Michao et son petit poulain sont entrés dans le pré, ont mangé tout le foin (bis)

Et cætera...

C'EST UN MAUVAIS GARCON

Nous les paumés
Nous ne sommes pas aimés
Des bons bourgeois
Qui nagent dans la joie.
Il faut avoir, pour être à leur goût
Un beau faux-col et un chapeau mou
Ca n'fait pas chic, une casquette
Ca donn'un genre malhonnête
Et c'est pourquoi
Quand un bourgeois nous voit
Il dit en nous montrant du doigt:

C'est un mauvais garçon
Il a des façons
Pas très catholiques
On a peur de lui
Quand on le rencontre la nuit !
C'est un méchant p'tit gars
Qui fait du dégât
Sitôt qu'il s'explique
Cà joue du poing, d'la tête et du chausson
Un mauvais garçon !

Tout's les bell's dam's
Plein's de perl's et de diam's
En nous croisant
Ont des airs méprisants
Oui mais demain, peut-être ce soir
Dans nos musett's ell's viendront nous voir!
Elles guincheront comm'des filles
En s'enroulant dans nos quilles
Et nous lirons dans leurs yeux chavirés
L'aveu qu'elles n'osent murmurer

C'est un mauvais garçon
Il a des façons
Pas très catholiques
On a peur de lui
Quand on le rencontre la nuit !
C'est un méchant p'tit gars
Qui fait du dégât
Sitôt qu'il s'explique
Mais y'a pas mieux pour donner l'grand frisson
Qu'un mauvais garçon !

FANCHON

Amis, il faut faire une pause,
J'aperçois l'ombre d'un cruchon.
Buvons à l'aimable Fanchon,
Chantons pour elle quelque chose.

Mais ah, ç'que son entretien est doux,
Qu'elle a de mérite et de gloire.
Elle aime à rire, elle aime à boire,
Elle aime à chanter comme nous.
Elle aime à rire, elle aime à boire,
Elle aime à chanter comme nous.
Elle aime à rire, elle aime à boire,
Elle aime à chanter comme nous,
Oui comme nous.

Fanchon, quoique bonne chrétienne
Fût baptisée avec du vin.
Un Bourguignon fût son parrain,
Une Bretonne sa marraine.

Fanchon préfère la grillade
A bien des mets plus délicats.
Son teint prend un nouvel éclat
Quand on lui verse une rasade.

Un jour le copain La Grenade
Lui mit la main dans son corset.
Elle répondit par un soufflet
Sur le museau du camarade.

Fanchon ne se montre cruelle
Que quand on lui parle d'amour.
Mais moi je ne lui fais la cour
Que pour m'enivrer avec elle.

CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE

Chevaliers de la table ronde,
Goûtons voir si le vin est bon.
Chevaliers de la table ronde,
Goûtons voir si le vin est bon.
Goûtons voir oui oui oui,
Goûtons voir non non non,
Goûtons voir si le vin est bon
Goûtons voir oui oui oui,
Goûtons voir non non non,
Goûtons voir si le vin est bon

J'en boira cinq à six bouteilles
Une femme sur les genoux

Pan pan pan qui frappe à la porte?
Je crois bien que c'est mon amie

Si c'est elle que le Diable l'emporte
De venir troubler mon plaisir

Si je meurs, je veux qu'on m'enterre
Dans une cave où y'a du bon vin

Les deux pieds contre la muraille
Et la tête sous le robinet

Et les quatre plus grands ivrognes
Porteront les quat'coins du drap

Et si le tonneau se débonde
J'en boirai jusqu'à mon plaisir

Et s'il en reste quelques gouttes
Ce sera pour nous rafraîchir

Sur ma tombe je veux qu'on inscrive:
"Ici gît le roi des buveurs".

BOIRE UN PETIT COUP C'EST AGREA BLE

Boire un petit coup c'est agréable
Boire un petit coup c'est doux
Mais il ne faut pas rouler dessous la table
Boire un petit coup c'est agréable
Boire un petit coup c'est doux .
Un petit coup, la, la, la, (bis)
Boire un petit coup c'est doux .

Allons dans les bois mignonnette
Allons dans les bois du roi.
Nous y cueillerons la fraîche violette,
Allons dans les bois mignonnette
Allons dans les bois du roi .
Les bois du roi, la, la, la, (bis)
Allons dans les bois du roi .

J'aime le jambon et la saucisse
J'aime le jambon c'est bon
Mais j'aime encor'mieux le lait de ma nourrice,
J'aime le jambon et la saucisse,
J'aime le jambon c'est bon .
Quand il est bon, la, la, la, (bis)
J'aime le jambon c'est bon .

Non Julien tu n'auras pas ma rose,
Non Julien tu n'auras rien
Monsieur le curé a défendu la chose
Non Julien tu n'auras pas ma rose,
Non Julien tu n'auras rien .
Tu n'auras rien, la, la, la, (bis)
Tu n'auras rien, rien, rien.

LE PETIT VIN BLANC

Ah ! le petit vin blanc
Qu'on boit sous les tonnelles
Quand les filles sont belles
Du côté de Nogent
Et puis de temps en temps
Un air de vieille romance
Semble donner la cadence
Pour fauter, (bis)
Dans les bois,
Dans les prés
Du côté,
Du côté de Nogent .

Voici le printemps,
La douceur du temps
Nous fait des avances
Partez mes enfants
Vous avez vingt ans
Partez en vacances
Vous verrez les agiles
Sur l'onde tranquille
Des barques dociles
Aux bras des amants
De fraîches guinguettes
Des filles bien faites
Des frites sont prêtes
Et y'a du vin blanc.

Ah ! Ces yeux charmants,
La taille souvent
Prend de l'avantage
Cà n'est pas méchant
Cà finit tout le temps
Par un mariage
Le gros de l'affaire
C'est lorsque la mère
Demande sévère
A la jeune enfant
Ma fille raconte
Comment triste honte
As-tu fait ton compte
Réponds, je t'attends .

Suivons le conseil,
Monsieur le soleil
Connaît son affaire
Cueillons en chemin
Ce minois mutin
Cette robe claire
Venez belles filles
Soyez bien gentilles
Là sous la charmille
L'amour vous attend
Les tables sont prêtes
L'aubergiste honnête
Y'a des chansonnettes
Et y'a du vin blanc .

LOGUIVY DE LA MER (François Budet)

Loguivy de la mer, Loguivy de la mer,
Tu regardes mourir tes derniers vrais marins.
Loguivy de la mer, au fond de ton vieux port
S'entassent les carcasses des bateaux déjà morts

Ils reviennent encore à l'heure des marées
S'asseoir sur les murets, le long de la jetée.
Ils regardent encore au-delà de Bréhat
Respirant le parfum du vent qui les appelle
Mais s'il est révolu, le temps des terre-neuvas
La race des marins chez nous ne s'en va pas

Ils ont connu le temps où la voile était reine
Ils parlent de haubans, de focs et de misaines
De tout ce qui a fait le charme de leur vie
Et qu'ils emporteront avec eux dans l'oubli
Mais s'il est révolu, le temps des cap-horniers,
Il reste encore chez nous d'la graine d'aventurier

Je n'ai jamais su dire ce que disaient leurs yeux
Perdus dans ces visages burinés par le vent
Ces beaux visages d'hommes, ces visages de vieux,
Qui savent encore sourire et dire à nos vingt ans:
Remettez vos cabans et rompez les amarres,
Allez-y de l'avant et tenez bon la barre.

JEAN-FRANCOIS DE NANTES

C'est Jean-François de Nantes
Oué, oué, oué
Gabier de la Fringante
Oh mes boués, Jean-Françoué

Débarque en fin d'campagne
Fier comme un roi d'Espagne

En vrac dedans sa bourse
Il y a vingt mois de course

Une montre, une chaîne
Valant une baleine

Branle-bas chez son hôtesse
Caramboles et largesses

La plus belle servante
L'amène dans la soupente

De concert avec elle
Navigue sur mer belle

En vidant la bouteille
Tout son or appareille

Montre, chaîne se baladent
Jean-François se balade

A l'hôpital de Nantes
Jean-François se lamente

Et les draps de sa couche,
Déchire avec sa bouche

Pauvre Jean-François de Nantes
Gabier de la Fringante .

JOHN KANAK

Sur un baleinier John s'est réveillé
John Kanak Kanak ah toul ahé
Quelqu'un criait paré à larguer
John Kanak Kanak ah toul ahé
Toul ahé oh toul ahé
John Kanak Kanak ah toul ahé
Toul ahé oh toul ahé
John Kanak Kanak ah toul ahé

Dans une taverne il s'est fait enrôler
Par un bosco qui l'avait saoûlé

A bord ton temps tu'l'passes a étarquer
C'est pas l'captain qui monte dans les huniers

Par le Cap Horn trois fois il est passé
Et rien qu'une fois son sac il a posé

Mais des baleines y'z'en ont pas trouvé
Y'a que l'sale temps qu'y'z'ont harponné

Mais aux Marquises l'enfer s'est terminé
Dans les bras d'la goëlette la mieux gréée

John est heureux avec sa vahiné
C'est pas demain qu'y'va réembarquer...

LE 31 DU MOIS D'AOUT

Au trente et un du mois d'Août
Nous aperçûmes sous le vent vers nous
Une frégate d'Angleterre
Qui fendait la mer et les flots
C'était pour aller à Bordeaux

Buvons un coup, buvons en deux
A la santé des amoureux
Buvons un coup, buvons en deux
A la santé des amoureux
A la santé du Roi de France
Et merde pour le Roi d'Angleterre
Qui nous a déclaré la guerre

Le capitaine au même instant
Fit appeler son lieutenant
Voilà l'anglais! t'sens-tu l'courage
D'aller l'attaquer à son bord
Savoir qui sera le plus fort

Le lieutenant fier z'et hardi
Lui répondit: ah! pardieu oui
Faites monter tout l'équipage
Je vais hisser notr' pavillon
Qui rest'ra haut nous le jurons

Le maître donne un coup de sifflet
Pour faire monter les deux bordées
Tout est paré pour l'abordage
Hardis gabiers, fiers matelots
Brav's canonniers, mousses petiots

Vir'lof pour lof en arrivant
Nous l'attaquâmes par son avant
A coups de haches, à coups de sabres
De piques, de couteaux, d'mousquetons
Nous l'avons mis à la raison

Que dira-t-on du grand raffiot
A Brest, à Londres, et à Bordeaux
Qu'a laissé prendre son équipage
Par un brigantin d'six canons
Lui qu'en comptait trente-et-six bons

LA COMPLAINTE DE JEAN QUEMENEUR

Il s'appelait Jean Quémeneur
C'était le fils d'une demi-sœur
A la fameuse madame Larreur
La grande Hortense
Celle qui tenait un caboulot
Aux gars d'Dinard et d'Saint-Malo
Tout près d'la caserne du Dépôt
A Recouvrance

Qui n'a pas connu ces gens là
C'était parents aux Kervella
Qui faisaient tant de tralalas
Et d'manigances
Portant voilettes et grands chapeaux
Qu'on aurait dit ou peu s'en faut
Qu'çà fréquentait des amiraux...

Son père était pompier au port
Travaillant peu et gueulant fort
Et jamais content de son sort
Comme bien on pense
Avec sa pipe et son fanal
Il f'sait la ronde à l'Arsenal
De l'Arrièr'garde au Fer à cheval...

Sa mère était une Kermarrec
Vous savez bien d'Lambézellec
Une grosse qui puait du bec
Et qu'eût pas d'chance
Avecque son premier mari
Un brav'garçon mais faib'd'esprit
Qui dans son grenier se pendit...

C'est par un'nuit qu'il vit le jour
Au quatorze de la rue d'la Tour
Il faisait noir comme dans un four
Et quand on pense
Avec çà un vrai temps d'canard
D'la pluie d'la vent et d'la brouillard
C'est c'qui mit la sage-femme en r'tard...

Mais le malheur vint, qui l'eût cru
Son père un soir qu'il était bu
Tomba sur sa tête et mourut
Sans connaissance
Sa femme alors eût c'mot touchant
Ah gast, me v'là veuve à présent
Je n'ai plus d'père à mon enfant...

Puis sa mère mourut à son tour
Au quatorze de la rue d'la Tour
Et la tante Yvonne Marchadour
Qu'a de l'aisance
Et du coeur autant que d'largent
Jura le soir de l'enterrement
D'être une mère pour le 'tit Jean...

Puis il grandit il fit ses dents
Il eut la rougeole à quatre ans
Et la toque pendant longtemps
Bref son enfance
Fut celle de tous les moutards
Enfants légitimes ou bâtards
Qu'on voit rôder sur les remparts...

Il fut heureux jusqu'à vingt ans
Aimant son métier de vétéran
Mai v'là t'y pas le pauvre Jean
Qu'il se fiance
Un beau soir du printemps avec
Marie-Magdeleine Poullaouec
La nièce à Jean-François Cussec...

Elle était jolie comme un cœur
Il l'épousa fou de bonheur
En notre église de Saint Sauveur
Ah quelle bombance
Ah quelle gaieté ah quel entrain
On rigola jusqu'au lend'main
Dans les salons du p'tit jardin...

V'là t'y pas qu'à quinze jours de là
Sa femme légitime le trompa
Avec un secont maît'calfat
Plein de prestance
Puis ce fut un sergent fourrier
Un commis du port, un pompier
L'agent Le Goff et tout l'quartier...

Et un beau jour à Kervallon
Femme sans cœur et sans renom
Elle fit d'un caporal clairon
La connaissance
Ils s'en allèrent bras d'sous bras d'sus
Au pardon de la chapelle Jésus
Et d'puis on les a plus revus...

Le pauvre Jean pour oublier
Se mit alors à s'arsouiller
A se dégoûter de son métier
A l'Espérance
Au bistrot d'la mère Pouliquen
Au r'tour d'la Chine et du Tonkin
On n'vit plus qu'lui soir et matin...

Enfin un soir qu'il ventait fort
Roulant de bâbord sur tribord
Il finit dans le fond du port
Son existence
En voulant le pauvre garçon
Aider son collèg'Kerouanton
A larguer l'amarre du 'tit pont...

FANNY (Mac Orlan)

A l'aube, sur le quai Guédon
Devant l'petit pont
Chantait la chanson,
L'branl'bas d'la croisière
Et sur sa blanche baleinière
Jean Gouin notre brigadier
Son bonnet cap'lé
Un peu sur le côté
Me rappelle mon bâtiment
C'était le bon temps
Celui d'mes vingt ans
Le bidel capitaine d'armes
Et son cahier d'punis
Dans la cayenne, f'sait du charme
A je n'sais quelle souris
Mais j'ai dans l'coeur une souffrance
Quand le quartier-maitr'clairon
Sonnait du haut de Recouvrance
Aux filles de Lanninon.

La plus belle de Lanninon
Fanny Kercrozon
M'offrit un pompon
Un pompon de fantaisie
C'était elle ma bonne amie
Elle fréquentait un bistrot
Rempli de matelots
En face du dépôt
Quand je pense a mes plaisirs
J'aime mieux m'étourdir
Que de me souvenir
Ah Fanny de Recouvrance
J'aimais tes yeux malins
Quand ton geste plein d'élégance
Balançait les marsouins
J'n'étais pas d'la maistrance
Mais j'avais l'atout en main
Et tu venais me voir le dimanche
Sur le Duguay-Trouin.

A c't'heure je suis retraité
Maitre timonier aux Ponts et Chaussées
Je fais le service des phares
Et j'écoute la fanfare
Sur la mer en son tourment
D'Molène à Ouessant
Quand souffle le vent
L'tonnerre de Brest est tombé
Pas du bon côté, tout s'est écroulé
Dans c'qui reste de Recouvrance
J'log'rais pas un sacco
Et Fanny ma connaissance
Est morte dans son bistrot
J'n'ai plus rien en survivance
Mais quand je bois un coup d'trop
Je sais que ma dernière chance
S'ra d'faire un trou dans l'eau.

SANTIANO (Hughes Auffray)

C'est un fameux trois-mâts
Fin comme un oiseau
Hisse et Ho! Santiano
18 nœuds, 400 tonneaux
Je suis fier d'y être matelot

Tiens bon la vague
Et tiens bon le vent, Hisse et Ho Santiano
Si dieu veut, toujours droit devant
Nous irons jusqu'à San Francisco.

Je pars pour de long mois
En laissant Margot
Hisse et Ho, Santiano
D'y penser j'en ais le cœur gros
En doublant les feux de Saint Malo.

On prétend que là-bas
L'argent coule à flot
Hisse et Ho, santiano
On trouve l'or au fond des ruisseaux
J'en ramènerai plusieurs lingots.

Un jour je reviendrai
Chargé de cadeaux
Hisse et Ho, santiano
Au pays j'irai voir Margot
A son doigt je passerai l'anneau.

Tiens bon le cap
Et tiens bon le flot
Hisse et Ho, santiano
Sur la mer qui fait le gros dos
Nous irons jusqu'à San Francisco .

LE FORBAN

A moi forban que m'importe la gloire
Les lois du monde et qu'importe la mort ?
Sur l'océan j'ai planté ma victoire
Et bois mon vin dans une coupe d'or.
Vivre d'orgie c'est ma seule espérance,
Le seul bonheur que j'ai su conquérir
Si sur les flots j'ai passé mon enfance
C'est sur les flots qu'un forban doit mourir.

Vin qui pétille, femmes gentilles
Sous tes baisers brûlants d'amour
Plaisirs, batailles, vive la canaille!
Je bois, je chante et je tue tour à tour.

Peut-être au mât d'une barque étrangère
Mon corps un jour servira d'étendard
Et tout mon sang rougira la galère
Aujourd'hui fête et demain le bazar.
Allons esclave, allons debout mon brave,
Buvons la vie et le vin à grands pots
Aujourd'hui fête et puis demain peut-être
Ma tête ira s'engloutir dans les flots.

Peut-être un jour par un coup de fortune
Je captur'rai l'or d'un beau galion
Riche à pouvoir vous acheter la lune
Je m'en irais vers d'autres horizons.
Là, respecté tout comme un gentilhomme
Moi qui ne fus qu'un forban, qu'un bandit
Je pourrai comme le fils d'un roi, tout comme
Mourir peut-être dedans un bon lit.

LE CRIME DE LA RUE SUFFREN

Ecoutez peuple de France,
du Brésil, de Tombouctou,
De Lambé, de Kérinou,
de Brest et de Recouvrance
Les treize couplets sans refrain
du crime de la rue Suffren

Ah qu'c'est triste,
C'est bien malheureux ...

Un brav'gabier de la flotte,
Jean-Marie Pendivalo
Qu'avait gagné le gros lot
s'en r'vint épouser Margote
Margoton sa fiancée,
j'crois bien qu'vous la connaissez

Ainsi donc not'joyeux drille
arriva par l'dernier train
Et s'installa rue Suffren
dans une pension de famille
Dame, quand on devient rentier,
on choisit l'plus beau quartier

Là il fit la connaissance
d'un'bande de mauvais garçons
Qui lui dirent sans façons
qu'ils étaient de Recouvrance
Et qu'il fallait avec eux
boire une chopine ou deux

Voici donc notre compère,
bu bien plus que de raison
Qui se lève en titubant
et se dirige vers l'arrière
L'arrière de l'établissement
pour regagner son logement

Après s'être rincé la gorge,
couchant la tête sur l'oreiller,
Ne tarda pas à roupiller
en ronflant comme une forge
Mais quand arriva minuit,
la porte s'ouvrit sans bruit

Et l'on vit dans la nuit sombre
s'avancer dix malfaiteurs
Assassins, déboyauteurs,
ne travaillant que dans l'ombre
Venus pour voler l'magot
du malheureux matelot

L'un avait une baïonnette,
le deuxième un tire-bouchon
Le troisième un poinçon,
le quatrième une fourchette
Le cinquième un passe-partout,
les aut'n'avaient rien du tout

Dans un élan unanime,
ils s'avancèrent tous en cœur
S'abattant avec fureur
sur l'innocente victime
Qui mourut sans pousser un cri,
sans cracher, sans dire merci

On déroba l'porte-monnaie,
on déchira l'pantalon
On vola jusqu'au pompon
en souvenir du macchabée
Et, l'corps étant encore chaud,
on l'découpa en morceaux

On en fit d'la charcuterie,
on vendit l'odieux rata
Et Margote en boulotta,
sans r'connaît'son Jean-Marie
Elle plaignait sa destinée,
elle est morte empoisonnée

Dans cette histoire véridique,
si Margote trépassa
C'est qu'malheur elle avala
de son fiancé la chique
Jean étant de son état
grand amateur de tabac

La morale de cette histoire,
j'vais la dire à tout matelot
Qu'aurai gagné le gros lot,
mets bien à l'abri ta poire
Souviens-toi brave marin
du crime de la rue Suffren

MON PETIT GARCON (Michel Tonnerre)

Dans la côte à la nuit tombée
On chante encore sur les violons
Au bistrot sur l'accordéon
C'est pas la bière qui te fait pleurer
Et l'accordéon du vieux Joë
Envoie le Vieil air du matelot
Fout des embruns au fond des yeux
Et çà te reprend chaque fois qu'il pleut

Allez Joe fais nous l'Irlandais
Qu't'as appris quand tu naviguais
Pendant ton escale à Galway
Du temps où t'étais tribordais
Du temps où c'était pas la joie
D'veiller au grain dans les pavois
Les mains coupées par l'vent glacé
Sans même la force de fredonner

Mon petit garçon met dans ta tête
Ya qu'les chansons qui font la fête
Et crois-moi depuis l'temps qu'je traîne
J'en ai vu pousser des rengaines
De Macao à la Barbade
Cà fait une paye que j'me balade
Et l'temps qui passe a fait au vieux
Une bordée de rides autour des yeux

Et ya l'temps qui mouille au dehors
Dans la voilure ya l'vent du nord
Les yeux des filles belles à aimer
Et la chanson qui t'fait pleurer
Et même si t'as pas navigué
T'as l'droit d'boire avec les autres
T'es quand même un frère de la côte
Et t'as même le droit d'la gueuler

Quand on s'ra saouls comme des bourriques
On ira chanter sur les quais
En rêvant des filles du Mexique
Les chants des navires négriers
Hâle sur la bouline envoyez
Quand la boîteuse va t'au marché
Quand on virait au cabestan
Et toutes les vieilles chansons d'antan

CHANTONS POUR PASSER LE TEMPS

Chantons, pour passer le temps,
Les amours jolis d'une belle fille,
Chantons, pour passer le temps,
Les amours jolis d'une fille de quinze ans.
Aussitôt qu'elle fut promise,
aussitôt elle changea de mise.
Elle prit l'habit de matelot
Et vint s'embarquer à bord du navire,
Elle prit l'habit de matelot
Et vint s'embarquer à bord du bateau

Le capitaine du bâtiment
Etait enchanté d'un si beau jeune homme,
Le capitaine du bâtiment
Le fit appeler sur l'gaillard d'avant.
Beau mat'lot, ton joli visage,
tes cheveux et ton joli corsage
Me font toujours me rappelant
Z'à une beauté que j'ai tant aimée
Me font toujours me rappelant
Z'à une beauté du port de Lorient

Mon capitaine, assurément,
Vous me badinez, vous me faites rire,
Je n'ai ni frère ni parents,
Et ne suis pas né au port de Lorient.
Je suis né à la Martinique
et même je suis enfant unique
Et c'est un vaisseau hollandais
Qui m'a débarqué au port de Boulogne
Et c'est un vaisseau hollandais
Qui m'a débarqué au port de Calais.

Ils ont bien vécu sept ans
Sur le même bateau sans se reconnaître
Ils ont bien vécu sept ans
Se sont reconnus au débarquement.
Puisqu'enfin, l'Amour nous rassemble,
nous allons nous marier ensemble,
L'argent que nous avons gagné,
Il nous servira dans notre ménage,
L'argent que nous avons gagné,
Il nous servira à nous marier.

C'ti là qu'a fait la chanson
C'est le gars Camus, gabier de misaine,
C'est le gars Camus, gabier d'artimon.
Matelot, faut hisser la toile,
Au cabestan faut qu'tout l'monde y soye
Et vire, et vire, et vire donc,
Sans çà t'auras rien dedans ta gamelle
Et vire, et vire, et vire donc,
Sans çà t'auras pas d'vin dans ton bidon.

A LA ROCHELLE EST ARRIVE

A la Rochelle est arrivé
Roulez jeunes gens roulez
A la Rochelle est arrivé
Roulez jeunes gens roulez
Trois beaux navires chargés de blé
Roulez roulez jeunes gens roulez
J'ai mis l'oiseau dans la cage
Mais l'oiseau s'est envolé
J'ai mis l'oiseau dans la cage
Mais l'oiseau s'est envolé

Trois dames s'en vont les marchander
Marin, marin, combien ton blé ?

Embarquez belle vous le saurez!
La plus belle eut le pied levé

Le capitaine s'est écrié:
Larguez devant larguez derrière

Larguez les focs les voiles d'étais!
La belle s'est mise à pleurer

Qu'avez-vous donc la belle à pleurer?
Vous avez eu mon pucelage!

Vous avez eu mon pucelage
Mais je n'ai pas eu votre argent!

LE PONT DE MORLAIX

C'est en passant sur le pont de Morlaix
Haul away old fellow away
La belle Hélène j'ai rencontré
Haul away old fellow away

Mais j'ai bien vu que c'est charité
Car c'est une dame de qualité

C'est la fille d'un capitaine nantais
A matelot ne s'ra jamais

Pour nous sont les garces des quais
Qui volent qui mentent qui font tuer

Je n'étale plus je vas tout larguer
Je vas faire mon trou dans la salée

Matelots mon coeur est embrumé
Buvons quand même à sa beauté

Encore un coup pour étarquer
Hisse le grand foc tout est payé

NOUS ETIONS TROIS MARINS DE GROIX

Nous étions deux nous étions trois (bis)
Nous étions trois marins de Groix

Il vente (bis)
C'est le vent de la mer
Il nous tourmente

Embarqués sur le Saint-François (bis)
Qui allait de Belle-île à Groix

Mon matelot, le mousse et moi
Amis comme il n'y a pas trois doigts

Vint à venter grains de Noroît
A faire céder notre grand-mât

"Jean-Pierre dis-je matelot
Serrer de la toile qu'il nous faut!"

Ce failli temps ne mollira pas
Je prends la barre vas-y mon gars

Il est allé pour prendre un ris
Un coup de mer l'aura surpris

Au jour j'ai revu son sabot
Il flottait seul là-bas sur l'eau

Il ne laisse sur notre bateau
Que son garde pipe et son couteau

Plaignez d'mon pauvre matelot
Sa femme avec ses trois petiots

Sa pauvre mère s'en est allée
Prier la Sainte Anne d'Auray

Et Sainte Anne lui répondit
Tu le verras au paradis

LA JEUNE FILLE DU METRO (inconnu)

C'était une jeune fille simple et bonne
Qui n'demandait rien à personne
Un soir dans le métro, il y avait presse
Un jeune homme osa, je le confesse
Lui passa la main ... sur les cheveux
Et comme elle était gentille, elle s'approcha un peu

Et comme elle craignait pour ses robes
A ses attaques elle se dérobe
Sentant quelque chose qui la chatouille
Derrière son dos elle tripatouille
Elle tombe sur une belle paire de ... gants
Que le jeune homme à la main tenait négligem ment

En voyant l'émoi de la d'moiselle
Il s'approcha un petit peu d'elle
Et comme dans chaque homme tout de suite
S'éveille le démon qui l'habite
Le jeune homme lui sortit sa ... carte
Et lui dit "J'm'appelle Jules
et j'habite rue Descartes"

Le métro continue son voyage
Elle se dit "Ce jeune homme n'est pas sage"
Je sens quelque chose de pointu
Qui d'un air ferme et convaincu
Cherche à pénétrer dans mon ... coeur
Ah qu'il est doux d'aimer, quel frisson de bonheur

Ainsi à Paris quand on s'aime
On peut se le dire sans problème
Peu importe le véhicule
N'ayons pas peur du ridicule
Dites-lui simplement je t'en ... prie
Viens donc à la maison, manger des spaghettis

MAMY BLUE (Nicoletta)

Oh mamy, oh mamy mamy blue
Oh mamy blue
Oh mamy, oh mamy mamy blue
Oh mamy blue

Je suis parti(e) un soir d'été
Sans dire un mot, sans t'embrasser
Sans un regard sur le passé ...
Dés que j'ai franchi la frontière
Le vent soufflait plus fort qu'hier
Quand j'étais près de toi ma mère ...

Oh mamy, oh mamy mamy blue
Oh mamy blue
Oh mamy, oh mamy mamy blue
Oh mamy blue

Et aujourd'hui où je reviens
Où je refais tout le chemin
Qui m'avait entrainé si loin ...
Tu n'es plus là pour me sourire
Me réchauffer, me recueillir
Et je n'ai plus quà repartir ...

Oh mamy, oh mamy mamy blue
Oh mamy blue
Oh mamy, oh mamy mamy blue
Oh mamy blue

La maison a fermé ses yeux
Le chat et les chiens sont très vieux
Et ils viennent me dire adieu ...
Je ne reviendrai plus jamais
Ou tu reposes désormais

JE NE REGRETTE RIEN (Edith Piaf)

Non, rien de rien,
Non, je ne regrette rien.
Ni le bien qu'on m'a fait
Ni le mal, tout çà m'est bien égal.
Non, rien de rien,
Non, je ne regrette rien.
C'est payé, balayé, oublié,
Je me fous du passé.

Avec mes souvenirs
J'ai allumé le feu
Mes chagrins, mes plaisirs,
Je n'ai plus besoin d'eux.
Balayés les amours
Avec leurs trémolos,
Balayés pour toujours
Je repars à zéro.

Non, rien de rien,
Non, je ne regrette rien.
Ni le bien qu'on m'a fait
Ni le mal, tout çà m'est bien égal.
Non, rien de rien,
Non, je ne regrette rien.
Car ma vie, car mes joies, aujourd'hui
Ca commence avec toi...

LES COPAINS D'ABORD
(Georges Brassens)

Non ce n'était pas le radeau
De la Méduse ce bateau
Qu'on se le dise au fond des ports
Dise au fond des ports
Il naviguait en père peinard
Sur la grand mare des canards
Et s'appelait Les copains d'abord
Les copains d'abord

Ses fluctuat nec mergitur
C'était pas d'la littérature
N'en déplaise aux jeteurs de sorts
Aux jeteurs de sorts
Son capitaine et ses matelots
N'étaient pas des enfants de salauds
Mais des amis franco de port
Des copains d'abord

C'était pas des amis de luxe
Des petits Castor et Pollux
Des gens de Sodome et Gomorrhe
Sodome et Gomorrhe
C'étaient pas des amis choisis
Par Montaigne et La Boëtie
Sur le ventre ils se tapaient fort
Les copains d'abord

C'était pas des anges non plus
L'évangile ils l'avaient pas lu
Mais ils s'aimaient toutes voiles dehors
Toutes voiles dehors
Jean-Pierre Paul et compagnie
C'était leur seule litanie
Leur credo leur confiteor
Aux copains d'abord

Au moindre coup de trafalgar
C'est l'amitié qui prenait le quart
C'est elle qui leur montrait le nord
Leur montrait le nord
Et quand ils étaient en détresse
Qu'leurs bras lançaient des SOS
On aurait dit des sémaphores
Les copains d'abord

Au rendez-vous des bons copains
Y avait pas souvent de lapins
Quand l'un d'entre eux manquait à bord
C'est qu'il était mort
Oui mais jamais au grand jamais
Son trou dans l'eau n'se refermait
Cent ans après coquin de sort
Il manquait encore

Des bateaux j'en ai pris beaucoup
Mais le seul qui ai tenu le coup
Qui n'ai jamais viré de bord
Mais viré de bord
Il naviguait en père peinard
Sur la grand mare des canards
Et s'appelait les copains d'abord
Les copains d'abord.

GARE AU GORILLE (Georges Brassens)

C'est à travers de larges grilles
Que les femelles du canton
Contemplaient un puissant gorille
Sans souci du qu'en dira-t-on;
Avec impudeur ces commères
Lorgnaient même un endroit précis
Que rigoureusement ma mère
M'a défendu d'nommer ici.
Gare au gorille!...

Tout à coup la prison bien close
Où vivait le bel animal
S'ouvre on n'sait pourquoi (je suppose
Qu'on avait dû la fermer mal);
Le singe en sortant de sa cage
Dit: "C'est aujourd'hui que j'le perd"
Il parlait de son pucelage
Vous aviez deviné, j'espère!
Gare au gorille!...

L'patron de la ménagerie
Criait, éperdu: "Nom de nom!
C'est assommant car le gorille
N'a jamais connu de guenon!"
Dès que la féminine engeance
Sut que le singe était puceau
Au lieu d'profiter d'la chance
Elle fit feu des deux fuseaux!
Gare au gorille!...

Celles-là même qui naguère
Le couvaient d'un oeil décidé
Fuirent, prouvant qu'elles n'avaient guère
De la suite dans les idées
D'autant plus vaines étaient leurs craintes
Que le gorille est un luron
Supérieur à l'homme dans l'étreinte
Bien des femmes vous le diront!
Gare au gorille!...

Tout le monde se précipite
Hors d'atteinte du singe en rut
Sauf une vieille décrépite
Et un jeune juge en bois brut
Voyant que toutes se dérobent
Le quadrumane accéléra
Son dandinement vers les robes
De la vieille et du magistrat!
Gare au gorille!...

Bah! Soupirait la centenaire
Qu'on pût encore me désirer
Ce serait extraordinaire
Et, pour tout dire, inespéré!
Le juge pensait, impassible:
"Qu'on me prenne pour une guenon
C'est complètement impossible!"
La suite lui prouva que non!
Gare au gorille!...

Supposez qu'un de vous puisse être
Comme le singe obligé de
Violer un juge ou une ancêtre
Lequel choisirait-il des deux?
Qu'une alternative pareille
Un de ces quatre jours m'échoie
C'est, j'en suis convaincu, la vieille
Qui sera l'objet de mon choix!
Gare au gorille!...

Mais par malheur si le gorille
Aux jeux de l'amour vaut son prix
On sait qu'en revanche il ne brille
Ni par le goût ni par l'esprit.
Lors, au lieu d'opter pour la vieille
Comme aurait fait n'importe qui
Il saisit le juge à l'oreille
Et l'entraîna dans un maquis!
Gare au gorille!...

La suite serait délectable
Malheureusement, je ne peux
Pas la dire, et c'est regrettable
Ca nous aurait fait rire un peu;
Car le juge, au moment suprême
Criait: "Maman", pleurait beaucoup
Comme l'homme auquel le jour-même
Il avait fait trancher le coup.
Gare au gorille!...

SAN FRANCISCO (Maxime Le Forestier)

C'est une maison bleue
Adossée à la colline
On y vient à pied, on ne frappe pas
Ceux qui vivent là ont jeté la clef
On se retrouve ensemble
Après des années de route
Et l'on vient s'asseoir autour du repas
Tout le monde est là, à cinq heures du soir

Quand San Francisco s'allume
Quand San Francisco s'embrume
San Francisco, où êtes-vous
Lizzard et Luc, Psyldia, attendez-moi

Nageant dans le brouillard
Enlacés, roulant dans l'herbe
On écoutera Tom à la guitare
Phil à la Kena, jusqu'à la nuit noire
Un autre arrivera
Pour nous dire des nouvelles
D'un qui reviendra dans un an ou deux
Puisqu'il est heureux, on s'endormira

Quand San Francisco se lève
Quand San Francisco se lève
San Francisco, où êtes-vous
Lizzard et Luc, Psyldia, attendez-moi

C'est une maison bleue
Accrochée à ma mémoire
On y vient à pied, on ne frappe pas
Ceux qui vivent là ont jeté la clef
Peuplée de cheveux long
De grand lits et de musique
Peuplée de lumière, et peuplée de fous
Elle sera dernière à rester debout

Quand San Francisco s'effondre
Quand San Francisco s'effondre
San Francisco, où êtes-vous
Lizzard et Luc, Psyldia, attendez-moi

SIFFLER SUR LA COLLINE ( Joe Dassin)

Je l'ai vue près d'un laurier
Elle gardait ses blanches brebis
Quand j'ai demandé d'où venait
Sa peau fraîche elle m'a dit
C'est d'rouler dans la rosée
Qui rend les bergères jolies
Mais quand j'ai dit qu'avec elle
Je voudrais y rouler aussi, elle m'a dit:

Elle m'a dit d'aller siffler là-haut sur la colline
De l'attendre avec un petit bouquet d'églantines
J'ai cueilli des fleurs et j'ai sifflé tant que j'ai pu
J'ai attendu, attendu elle n'est jamais venue

A la foire du village
Un jour je lui ai soupiré
Que je voudrais être une pomme
Suspendue à un pommier
Et qu'à chaque fois qu'elle passe
Elle vienne me mordre dedans
Mais elle est passée, et tout en
Me montrant ses jolies dents, elle m'a dit:

LES CHAMPS ELYSEES (Joe Dassin)

Je m'baladais sur l'avenue
Le cœur ouvert à l'inconnu
J'avais envie de dire bonjour
A n'importe qui
N'importe qui, et ce fut toi
Je t'ai dit n'importe quoi
Il suffisait de te parler
Pour t'apprivoiser.

Aux Champs-Elysées, aux Champs-Elysées,
Au soleil, sous la pluie, à midi ou à minuit,
Il y a tout ce que vous voulez aux Champs-Elysées.

Tu m'as dit: J'ai rendez-vous
Dans un sous-sol avec des fous
Qui vivent la guitare à la main
Du soir au matin
Alors je t'ai accompagnée
On a chanté, on a dansé
Et l'on n'a même pas pensé
A s'embrasser.

Hier soir, deux inconnus
Et ce matin sur l'avenue
Deux amoureux tout étourdis
Par la longue nuit
Et de l'Etoile à la Concorde
Un orchestre à mille cordes
Tous les oiseaux du point du jour
Chantent l'amour.

GUANTANAMERA (Joe Dassin)

C'était un homme en déroute
C'était un frère sans doute
Il n'avait ni lieu ni place
Et sur les routes de l'exil
Sur les sentiers, sur les places
Il s'en allait loin de sa ville

Guantanamera, ma ville, Guantanamera,
Guantanamera, ma ville, Guantanamera

Là-bas, sa maison de misère
Etait plus blanche que le coton
Les rues de sable et de terre
Sentaient le rhum et le melon
Sous leur jupon de dentelles
Dieu, que les femmes étaient belles

Il me reste toute la terre
Mais je n'en demandais pas tant
Quand j'ai passé la frontière
Il n'y avait rien devant
J'allais d'escale en escale
Loin de ma terre natale

LE SUD (Nino Ferrer)

C'est un endroit qui ressemble à la Louisiane
A l'Italie
Il y a du linge étendu sur la terrasse
Et c'est joli

On dirait le Sud
Le temps dure longtemps
Et la vie sûrement
Plus d'un million d'années
Et toujours en été

Y'a plein d'enfants qui se roulent sur la terrasse
Y'a plein de chiens
Y'a même un chat, un'tortue, des poissons rouges
Il ne manque rien

Un jour ou l'autre, il faudra qu'il y ait la guerre
On le sait bien
On n'aime pas çà, mais on ne sait pas quoi faire
On dit c'est le destin

Tant pis pour le Sud
C'était pourtant bien
On aurait pu vivre
Plus d'un million d'années
Et toujours en été

CELINE (Hughes Auffray)

Dis-moi Céline, les années ont passé
Pourquoi n'as-tu jamais pensé à te marier
De toutes mes sœurs qui vivaient ici
Tu es la seule sans mari

Non, non, non, ne rougis pas, non ne rougis pas
Tu as, tu as, toujours de beaux yeux
Ne rougis pas, non ne rougis pas
Tu aurais pu rendre un homme heureux

Dis-moi Céline, toi qui est notre aînée
Toi qui fus notre mère, toi qui l'as remplacée
N'as-tu vécu pour nous autrefois
Que sans jamais penser à toi

Dis-moi Céline, qu'est-il donc devenu
Ce gentil fiancé qu'on n'a jamais revu
Est-ce pour ne pas nous abandonner
Que tu l'as laissé s'en aller

Dis-moi Céline, ta vie n'est pas perdue
Nous sommes les enfants que tu n'as jamais eu
Il y a longtemps que je le savais
Et je ne l'oublierais jamais

Ne pleure pas, non ne pleure pas
Tu as toujours tes beaux yeux d'autrefois
Ne pleure pas, non ne pleure pas
Nous resterons toujours près de toi .

SACREE BOUTEILLE (Graeme Allwright)

Jolie bouteille, Sacrée bouteille
Veux-tu me laisser tranquille
Je veux te quitter, Je veux m'en aller
Je veux recommencer ma vie.

J'ai traîné
Dans tous les cafés
J'ai fait la manche bien des soirs
Les temps sont durs
J'suis même pas sûr
De me payer un coup à boire.

J'ai mal à la tête
Et les punaises me guettent
Mais que faire dans un cas pareil
J'demande souvent
Aux passants
De me payer une bouteille.

Dans la nuit
J'écoute la pluie
Un journal autour des oreilles
Mon vieux complet
Est tout mouillé
Mais j'ai toujours ma bouteille.

Chacun fait
Ce qui lui plaît
Tout l'monde veut sa place au soleil
Moi je m'en fout
J'n'ai rien du tout
Rien qu'une jolie bouteille.

IL FAUT QUE JE M'EN AILLE
(Graeme Allwright)

Buvons encore, une dernière fois
A l'amitié, l'amour, la joie
On a fêté nos retrouvailles
Cà m'fait d'la peine, mais il faut que je m'en aille .

Le temps est loin de nos vingt ans
Des coups de poings, des coups de sang
Mais qu'à celà n'tienne, c'est pas fini
On peut chanter quand le verre est bien rempli .

Et souviens-toi de cet été
La première fois qu'on s'est soûlé
Tu m'as ramené à la maison
En chantant, on marchait à reculons .

J't'ai raconté mon mariage
A la mairie d'un petit village
Je rigolais dans mon plastron
Quand le maire essayait d'prononcer mon nom.

Je t'ai pas écrit toutes ces années
Mais toi aussi t'es marié
T'as trois enfants à faire manger
Moi j'en ai cinq si çà peut te consoler .

Je suis parti changer d'étoile
Sur un navire j'ai mis les voiles
Pour n'être plus qu'un étranger
Ne sachant plus très bien où il allait .

FAIS COMME L'OISEAU (Michel Fugain)

Fais comme l'oiseau
Cà vit d'air pur et d'eau fraîche, un oiseau
D'un peu de chasse et de pêche, un oiseau
Mais jamais rien ne l'empêche, l'oiseau
D'aller plus haut ...

Mais je suis seul dans l'univers
J'ai peur du ciel et de l'hiver
J'ai peur des fous et de la guerre
J'ai peur du temps qui passe, dis
Comment peut-on vivre aujourd'hui
Dans la fureur et dans le bruit
Je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdu.

Et l'amour dont on m'a parlé
Cet amour que l'on m'a chanté
Ce sauveur de l'humanité
Je n'en vois pas la trace, dis
Comment peut-on vivre sans lui
Sous quelle étoile, dans quel pays
Je n'y crois pas, je n'y crois plus, je suis perdu.

Mais j'en ai marre d'être roulé
Par des marchands de liberté
Et d'écouter se lamenter
Ma gueule dans la glace, dis
Est-ce que je dois montrer les dents
Est-ce que je dois baisser les bras
Je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdu .

AMSTERDAM (Jacques Brel)

Dans le port d'Amsterdam
Y'a des marins qui chantent
Les rêves qui les hantent
Au large d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam
Y'a des marins qui dorment
Comme des oriflammes
Le long des berges mornes
Dans le port d'Amsterdam
Y'a des marins qui meurent
Pleins de bières et de drames
Aux premières lueurs
Mais dans le port d'Amsterdam
Y'a des marins qui naissent
Dans la chaleur épaisse
Des langueurs océanes

Dans le port d'Amsterdam
Y'a des marins qui mangent
Sur des nappes trop blanches
Des poissons ruisselants
Ils vous montrent des dents
A croquer la fortune
A décroisser la lune
A bouffer des haubans
Et ça sent la morue
Jusque dans le cœur des frites
Que leurs grosses mains invitent
A revenir en plus
Puis se lèvent en riant
Dans un bruit de tempête
Referment leur braguette
Et sortent en rotant

Dans le port d'Amsterdam
Y'a des marins qui dansent
En se frottant la panse
Sur la panse des femmes
Et ils tournent et ils dansent
Comme des soleils crachés
Dans le son déchiré
D'un accordéon rance
Ils se tordent le cou
Pour mieux s'entendre rire
Jusqu'à ce que tout à coup
L'accordéon expire
Alors le geste grave
Alors le regard fier
Ils ramènent leur batave
Jusqu'en pleine lumière

Dans le port d'Amsterdam
Y'a des marins qui boivent
Et qui boivent et reboivent
Et qui reboivent encore
Ils boivent à la santé
Des putains d'Amsterdam
De Hambourg ou d'ailleurs
Enfin ils boivent aux dames
Qui leur donnent leur joli corps
Qui leur donnent leur vertu
Pour une pièce en or
Et quand ils ont bien bu
Se plantent le nez au ciel
Se mouchent dans les étoiles
Et ils pissent comme je pleure
Sur les femmes infidèles

Dans le port d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam

NAVIGATOR (The Pogues)

The canals and the bridges,
the embankments and cuts,
They blasted and dug with their sweat and their guts
They never drank water but whiskey by pints
And the shanty towns rang
with their songs and their fights.

Navigator, navigator rise up and be strong,
The morning is here and there's work to be done.
Take your pick and your shovel
and the bold dynamite
For to shift a few tons of this earthly delight
Yes to shift a few tons of this earthly delight

They died in their hundreds, no sign to mark where,
Save the brass in the pocket of the entrepreneur.
By landslip and rockblast they got buried so deep
That in death if no life
they'll have peace while they sleep.

Their mark on this land is still seen and still laid.
The way for a commerce
where vast fortunes were made
The supply of an Empire where the sun never set
Which is now deep in darkness
but the railway's there yet

DIRTY OLD TOWN (The Pogues)

I met my love by the gas works wall
Dreamed a dream by the old canal
I kissed my girl by the factory wall

Dirty old town,
Dirty old town.

Clouds are drifting across the moon
Cats are prowling on the beat
Springs a girl on the streets at night

I heard a siren from the docks
Saw a train set the night on fire
I smelled the spring on the smokey wind

I'm gonna make me a big sharp axe
Shining steel tempered in the fire
I'll chop you down like an old dead tree

I met my love by the gas works wall
Dreamed a dream by the old canal
I kissed my girl by the factory wall

LE BLUES DU BUSINESSMAN

J'ai du succès dans mes affaires
J'ai du succès dans mes amours
Je change souvent de secrétaire

J'ai mon bureau en haut d'une tour
D'où je vois la ville à l'envers
D'où je contrôle mon univers

J'passe la moitié d'ma vie en l'air
Entre New-York et Singapour
Je voyage toujours en première

J'ai ma résidence secondaire
Dans tous les Hilton de la terre
J'peux pas supporter la misère ...

J'suis pas heureux mais j'en ai l'air
J'ai perdu le sens de l'humour
Depuis qu'j'ai le sens des affaires

J'ai réussi et j'en suis fier
Au fond je n'ai qu'un seul regret
J'sais pas c'que j'aurais voulu faire ...

J'aurais voulu être un artiste
Pour pouvoir faire mon numéro
Quand l'avion se pose sur la piste
A Rotterdam ou à Rio

J'aurais voulu être un chanteur
Pour pouvoir crier qui je suis
J'aurais voulu être un auteur
Pour pouvoir inventer ma vie

J'aurais voulu être un acteur
Pour tous les jours changer de peau
Et pour pouvoir me trouver beau
Sur un grand écran en couleurs

J'aurais voulu être un artiste
Pour pouvoir être un anarchiste
Et vivre comme ... un millionnaire

J'aurais voulu être un artiste
Pour avoir le monde à refaire
Pour pouvoir dire pourquoi j'existe

LE CURE DE CAMARET

Les filles de Camaret se disent toutes vierges (bis)
Mais quand elles sont dans mon lit
Elles préfèrent tenir mon vît
Qu'un cierge (ter)

Fillette de Camaret, où est ton pucelage (bis)
Il s'en est allé sur l'eau
Avec un beau matelot
Il nage

Mon mari s'en est allé à la pêche en Espagne (bis)
Il m'a laissée sans un sou
Mais avec mon petit trou
j'en gagne

Les rideaux de notre lit sont faits de serge rouge (bis)
Et quand nous sommes dedans
La rage du cul nous prend
Il bouge

Mon mari que fais-tu là tu me perces la cuisse (bis)
Faut-il donc que tu sois saoul
Pour ne pas trouver le trou
Qui pisse

Le curé de Camaret a les couilles qui pendent (bis)
Et quand il s'asseoit dessus
Elles lui rentrent dans le cul
Il bande

Le maire de Camaret s'est acheté un âne (bis)
Un âne républicain
Pour baiser toutes les putains
D'Bretagne

Les filles de Camaret s'en vont à la prière (bis)
C'n'est pas pour prier l'Seigneur
Mais pour branler le prieur
Qui bande

Céline si tu m'aimais tu me ferais des nouilles (bis)
Et tandis que je les mangerais
Ton p'tit doigt me chatouillerait
Les couilles

La servante à m'sieur l'curé a l'ventre qui gargouil le
C'est qu'elle en a trop mangé
De l'andouille à m'sieur l'curé
D'l'andouille

Une simpl'supposition que tu serais ma tante (bis)
Je te ferais le présent
De l'andouille qui me pend
Du ventre

DE PROFUNDIS

De profundis morpionibus
Tra lalalala lalalala lalalala lala
Tra lalalala lalalala lalalala, zob!

O muse, prête-moi ta lyre
Afin qu'en vers je puisse dire
Un des combats les plus fameux
Qu'il y eut jamais sous les cieux

Dans un vagin de forte taille
600 000 poux livraient bataille
A nombre égal de morpions
Qui défendaient l'entrée du con

Le choc fût épouvantable
On croyait que c'était le Diable
Les femmmes enceintes en accouchant
Chiaient de la merde au lieu d'enfants

La bataille fût gigantesque
Tous les morpions moururent ou presque
A l'exception des plus trapus
Qui s'accrochaient aux poils du cul

Ils ont bouché presque la fente
Que les morpions morts ensanglantent
Et la vallée du haut con
Etait jonchée de morpions

Le commandant d'une escouade
Voyant périr ses camarades
Cria:"Morpions! Nous sommes foutus
Piquons une charge au trou du cul"

Un morpion de noble origine
Qui revenait de Palestine
Leva sa lance et s'écria:
"Les morpions meurent et n'se rendent pas!"

Pour reprendre l'avantage
Les morpions luttaient avec rage
Mais leurs efforts furent superflus
Les poux gardèrent le dessus

Le général, nouvel Enée
Sortant des rangs de son armée
A son rival, beau chevalier
Propose un combat singulier.

A ch'val sur un poil de roupette
Armé d'une longue lorgnette
Le capitaine des morpions
Examinait les positions

Tout à coup un obus arrive
Qui lui fait perdre l'équilibre
Le capitaine est bien foutu
Il tombe au fond du cul

Gardé d'un triple rang de crasse
Transpercé malgré sa cuirasse
Le capitaine des morpions
Tomba sans vie au fond du con

Puis au plus fort de la bataille
Fauché soudain par la mitraille
Le maréchal des morpions
Tomba mort à l'entrée du con

Un morpion motocycliste
Prenant la raie du cul pour une piste
Dans un virage il dérapa
Et dans la merde il s'enlisa

Pour retirer leur capitaine
Tous les morpions firent la chaîne
Mais hélas vains furent leurs efforts
L'abîme ne rend pas ses morts

Un soir au bord de la ravine
Tout couvert de foutre et d'urine
On vit un fantôme tout nu
A cheval sur un poil de cul

C'était l'ombre du capitaine
De chancre et d'asticot pleine
Qui faute d'inhumation
Puait le Maroille et l'arpion

Devant ce spectre qui murmure
D'être privé de sépulture
Tous les morpions firent serment
De lui élever un monument

En vain l'on chercha sa dépouille
Sur la pine et sur les deux couilles
On ne trouva qu'un bout de queue
Qu'un sabre avait coupé en deux

La troupe aussitôt prend les armes
L'enterre en versant force larmes
Comme au convoi d'un cardinal
Ou bien d'un garde national

Puis les plus jolies morpionnes
Portaient en pleurant des couronnes
De fleurs blanches et de poils de cul
Qu'avait tant aimé le vaincu

Son cheval même l'accompagne
Et quatre morpions d'Espagne
Une larme à l'oeil, le crêpe au bras
Tenaient les quatre coins du drap

Au bord d'un profond précipice
On rangea les morpions novices
Ils défilèrent par escadrons
Tout en sonnant de leurs clairons

Ils le suivirent au cimetière
S'assirent en rond sur leur derrière
La crotte au cul, la larme à l'oeil
Tous les morpions étaient en deuil

On lui éleva un cénotaphe
Où l'on grava cette épitaphe:
"Ci-gît un morpion de valeur
Tombé sans vie au champ d'honneur"

Et l'on fit une relique
Que l'on mit dans une basilique
Pour que les futurs bataillons
Sachent comment meurt un morpion.

LA DIGUE DU CUL

La digue du cul, en revenant de Nantes, (bis)
De Nantes à Montaigu,
La digue, la digue
De Nantes à Montaigu,
La digue du cul

Lève la jambe, voilà qu'çà rentre
Lève la cuisse cuisse cuisse, voilà qu'çà glisse
Ho Hisse

La digue du cul, Je rencontr'une belle
Qui dormait le cul nu,

La digue du cul, Je bande mon arbalète
Et lui fous droit dans l'cul

La digue du cul, La garce se réveille
Et dit: J'ai l'Diable au cul!

La digue du cul, non, ce n'est pas le Diable
Mais un beau dard poilu

La digue du cul, qui band'et qui décharge
Et qui t'en fout plein l'cul

La digue du cul, Si ce n'est pas le Diable
Refous-le moi dans l'cul

La digue du cul, puisqu'il y est, qu'il y reste
Et qu'il n'en sorte plus

LE CAPITAINE DE SAINT MALO

Le capitaine de Saint Malo
Ali alo
Qui fait la pêche au cachalot
Ali ali ali alo
Ali alo

Il a trois filles qui font la peau
A Nantes au Havre et à Bordeaux

Dans leur con large comme un seillot
Le foutre y coule à plein tonneau

Du foutre froid, du foutre chaud
Des Norvégiens, des Italos

Le foutre rouge des Anglos
Le foutre vert des portugos

Mais celui qu'elles s'en réjouissent plus tôt
C'est celui du Français faraud

Du foutre blanc, du foutre chaud
Des baleiniers de Saint Malo

Plantes-leur ton vit fier matelot
Comme ton harpon au cachalot

LA MARGOT

C'est Margot qu'a fait biribi
De son con un navire!
Et c'est mon gros vît biribi
Le Cap'tain' qui le vire!
De mes deux roustons
Les morpions en sont
Les gabiers d'empointures
Oh! Hisse et ho!
Tire larigot
Hourra pour la Margot!

C'est Margot qu'a fait biribi
De son con une église!
Et c'est mon gros vît biribi
Le recteur qui baptise!
De mes deux roustons
Ce sont les morpions
Qui brandouillent les cloches
Oh! Hisse et ho!
Tire larigot
Hourra pour la Margot!

C'est Margot qu'a fait biribi
De son con une auberge!
Et c'est mon gros vît biribi
Le patron qui s'goberge!
De mes deux roustons
Les morpions en sont
Les servantes qui baisent
Oh! Hisse et ho!
Tire larigot
Hourra pour la Margot!

C'est Margot qu'a fait biribi
De son con un Empire!
Et c'est mon gros vît biribi
Le Roi qu'elle soupire!
De mes deux roustons
Les morpions en sont
Les pages que l'on envergue
Oh! Hisse et ho!
Tire larigot
Hourra pour la Margot!

C'est le con d'Margot biribi
Qui gagne mes pistoles!
Mais si c'est mon vît biribi
Qu'attrape la vérole!
Avec mes roustons
Et tous leurs morpions
J'lui étouff'rai la gorge
Oh! Hisse et ho!
Tire larigot
Hourra pour la Margot!

LE POU ET L'ARAIGNEE

Un jour un pou dans la rue
Rencontra chemin faisant
Chemin faisant
Une araignée toute velue
Qui vendait du verre pilé
Pour s'acheter des p'tits souliers

La la la la la la (bis)
Et l'on entend dans les champs
S'enculer les éléphants
Et l'on entend dans les prés
S'enculer les chimpanzés
Et l'on entend sous les ormeaux
Battre la merde à coups d'marteau
Et l'on entend dans les plumards
Battre le foutre à coups d'braquemards
Mais non, mais non, Saint-Eloi n'est pas mort (bis)
Car il bande encore (bis)

le pou qui voulait la séduire
L'amena chez l'mastroquet du coin
Troquet du coin
Lui paya 5, 6 coups de vin
L'araignée ne fit qu'en rire
La pauvrette ne s'doutait pas
Qu'elle courait à son trépas. 

Le pou une franche canaille
Lui proposa trois francs six sous
Trois francs six sous
Ah! qu'elle dit, c'est pas l'Pérou
Ce n'est qu'un fétu d'paille
Si tu me donnais quatre sous de plus
J'te ferais voir le trou d'mon cul. 

Alors commencèrent les horreurs
Le pou grimpa sur l'araignée
Sur l'araignée
Il n'pouvait plus s'retirer
Tant il éprouvait d'bonheur
Si bien qu'la pauvre araignée
Goba la maternité. 

Le père de l'araignée en colère
Lui dit: Tu m'as déshonoré
Déshonoré
Tu t'es laissé enceinter
T'es aussi putain qu'ta mère
La pauvrette de désespoir
S'est filé treize coups de rasoir 

Le pou le désespoir dans l'âme
S'arrache des poignées de cheveux
Poignées d'cheveux
Ah! qu'il dit Y a plus d'bon dieu
Et monte à Notre-Dame
Et c'est là qu'il s'est foutu
Les cinq doigts et l'pouce dans l'cul 

Alors les poux du voisinage
Se réunirent pour l'enterrer
Pour l'enterrer
Au cimetière de Champerret
Tout comme un grand personnage
Ah! c'que c'était triste à voir
Tous ces poux en habit noir

TIENS VOILA MON ZOB

En revenant de Paris chez ma tante
Oh la la, Oh la la la la la la
La la la la la la, zob !
En revenant de Paris chez ma tante
Tiens voilà mon zob, zob, zob
Tiens voilà mon zob, zobi ! 

J'ai rencontré trois jeunes filles charmantes

J'ai pas choisi mais j'ai pris la plus grande

Je l'ai montée dans ma plus haute chambre

Je l'ai couchée sur mon lit qui balance

J'lui ai r'filé cinq à six coups de lance

Quand j'eus fini, elle me dit : Recommence

J'lui ai répondu : Y a plus d'jus dans ma lance

Si t'en reveux, t'as qu'à rev'nir dimanche

LA P'TITE HUGUETTE

Un jour la p'tite Huguette
Tripote-moi la bite avec les doigts
Un jour la p'tite Huguette
S'en revenait des bois (bis)

En chemin elle rencontre
Un étudiant en droit 
Il la prend, il la baise
Sur du foin qu'était là 
Le foin était si sec
Qu'il en faisait fla fla 
La mère d'la p'tite Huguette
Vint à passer par là 
Elle dit : Baise ma fille
On n'en meurt pas pour çà 
Car si on en mourrait
Tu n'en serais point là 
Et si tu en mourrais
Sur ta tombe on mettrait 
Ci-gît la p'tite Huguette
Qu'est morte en faisant çà 
En faisant sa prière
Au grand Saint Nicolas 
Le saint que tous les hommes
Portent la tête en bas 
Car s'ils la portent en l'air
Ils inondent les draps